Îlot Pinard

Plus qu'un équipement public

19 février 2019

Réalisé en 1934, le bâtiment Adolphe Pinard est l’une des premières maternités contemporaines de Paris. Il se compose de trois ailes en U qui seront préservées et reconverties. Ses façades de brique blonde témoigneront dans le nouveau quartier du style « moderne » de l’époque. L’extension de 1969 qui était venue fermer la cour intérieure sera démolie et reconstruite. De même le bâtiment retrouvera ses toitures terrasses originelles.

Projet Saint-Vincent-de-Paul, Paris, localisation de l'équipement mutualisé Pinard
© Anyoji-Beltrando

Le bâtiment Pinard dans l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul
© Clément Guillaume

 

Le réinvestissement du bâtiment est facilité par certaines de ses caractéristiques : toitures terrasses accessibles, cages d’escalier naturellement éclairées et façades porteuses, qui rendent inutiles les poteaux entre les planchers d’étages et simplifient les réaménagements intérieurs.

Les espaces situés au rez-de-chaussée, au premier et au deuxième étages, soit 5 030 m², seront reconvertis en un grand équipement public mutualisé associant une crèche, une école maternelle et un gymnase. La cour de 1000 m² et les toitures terrasse lui seront également affectées. 1400 m² d’espaces en sous-sol, éclairés et ventilés naturellement par des cours anglaises situées le long des façades, accueilleront des activités indépendantes : artisanat, économie créative, économie sociale et solidaire).


Un projet de mutualisations

Le regroupement de la crèche, du groupe scolaire et du gymnase permet différentes formes de mutualisation. Le partage de locaux entre les trois équipements constitue d’abord un gain de surface et de confort. Ensuite, certains espaces seront accessibles au public en dehors de leurs temps d’utilisation habituels. Enfin, le bâtiment Pinard comprendra des « tiers-espaces » destinés à accueillir d’autres usages de proximité. Nourri par un processus de concertation publique porté par Paris & Métropole Aménagement, le projet a défini plus précisément quatre types d’espaces au sein de Pinard, en fonction de leur potentiel de mutualisation :

• les espaces sanctuarisés, tels que les salles de classe, sont réservés à leurs utilisateurs premiers, c’est-à-dire les enfants de la crèche et du groupe scolaire, ainsi qu’au personnel éducatif.

• les espaces partagés, sont mutualisés soit entre les trois équipements (locaux techniques), soit entre deux d’entre eux. Ainsi la crèche et l’école pourraient partager pôle médico-social, pôle restauration, laverie et buanderie.

• les espaces communs sont ouverts aux utilisateurs extérieurs, personnes ou associations, en dehors des horaires de fonctionnement des équipements publics. Il s’agit d’espaces polyvalents, comme le préau, le réfectoire, la cour de récréation ou une partie du gymnase. Il s’agit aussi d’espaces spécialisés tels que la salle de médias et de pratiques artistiques, le jardin pédagogique, ou d’espaces de service comme les halls d’accueil, les locaux poussettes, les sanitaires…

• les tiers espaces n’appartiennent à aucun des trois équipements. Leur programmation sera arrêtée ultérieurement lors des étapes futures de conception. Leur fonctionnement indépendant les rend accessibles aux utilisateurs extérieurs à tout moment de la journée, de la semaine et de l’année.

Le processus de projet en cours précisera les programmes des espaces mutualisés en s’inspirant notamment des propositions formulées dans l’annexe citoyenne.


Une diversité d’enjeux

Le futur équipement Pinard est l’occasion pour la Ville de Paris et l’aménageur Paris & Métropole Aménagement d’expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement afin de répondre aux enjeux de la ville contemporaine.

En regroupant crèche, gymnase et école, le bâtiment devient un lieu de destination singularisé dans le quartier. L’ouverture des lieux à une diversité de publics pour des usages de type associatif ou récréatif, en intensifie l’usage et créé les conditions d’un lien social renforcé.

L’imbrication de ces trois équipements et la recherche de leur mutualisation répond également à un souci d’optimisation de l’espace face à la rareté du foncier constructible au cœur de Paris.

Ces nouveaux modes de fonctionnement ont bien sûr des répercussions sur la manière de gérer des équipements jusqu’à présent indépendants les uns des autres. Ainsi la bonne cohabitation des usages premiers et secondaires induits par l’ouverture au public extérieur, nécessite de désigner un gestionnaire unique. La Ville de Paris s’est attachée les services d’un assistant à maîtrise d’ouvrage pour l’aider à en préciser les modalités de fonctionnement, d'exploitation et de maintenance. Celui-ci préfigurera également un bilan d’exploitation, intégrant les économies permises par la mutualisation entre équipements et les surcoûts induits par l’ouverture aux usages secondaires.


Un processus de co-conception

Le projet s’élabore dans le cadre d’un processus de co-conception élargi qui rapproche et fait dialoguer les entités publiques et les utilisateurs qui investiront les lieux et les feront vivre.

Un premier processus de concertation a été organisé avec le concours de l’agence de programmation Alphaville. Il a réuni en ateliers, les trois services gestionnaires des équipements publics – Affaires scolaires, Famille et Petite Enfance, Jeunesse et Sports – ainsi que la direction des Constructions publiques et de l’Architecture et la Direction de l’Urbanisme afin que tous parviennent à une vision partagée de l’organisation de Pinard et de son fonctionnement.

Pour associer les futurs usagers, Paris & Métropole Aménagement, assisté de l’agence de concertation Palabréo, a organisé quatre ateliers auxquels étaient conviés les habitants du 14e arrondissement de tout âge. Les participants ont endossé le rôle de programmiste pour rédiger une « annexe citoyenne » au cahier des charges de la consultation de maîtrise d’œuvre (concours de concepteurs). Cette annexe s’est également enrichie des enseignements des ateliers participatifs menés par le CAUE 75 avec plusieurs écoles parisiennes autour de l’aménagement des cours de récréation. L’illustratrice Diane Berg a traduit en dessin les usages envisagés, selon les différentes temporalités, en toiture et dans la cour.


Dialogue compétitif

Au regard de la complexité du programme et de son caractère innovant, la Ville et l’aménageur ont fait le choix de la procédure de dialogue compétitif plutôt que du classique concours d’architecture. Cette procédure se déroule en deux phases.

• Une première phase de travail incluant un dialogue entre chacune des trois équipes de conception pluridisciplinaire, la Ville de Paris et l’aménageur. Cette première phase permet de préciser les potentialités du bâtiment existant, d’identifier les contraintes techniques et de gestion, de cheminer collégialement pour affiner le programme.

• Une deuxième phase plus classique au cours de laquelle chacune des équipes élabore son projet sur la base d’un cahier des charges consolidé à l’issue de la première phase.


Les équipes retenues pour le dialogue compétitif

CHARTIER DALIX ARCHITECTES (mandataire)
• EVP (structure)
• B52 (fluides)
• BMF (économie)
• ZEFCO (environnement)
• Atelier Roberta (paysage)
• LASA Paris (acoustique)
• Atelier d’écologie urbaine
• R-USE (réemploi)

ENCORE HEUREUX ARCHITECTES (mandataire)
• Assemble Studio (architectes associés)
• Atelier A+1 (architectes associés)
• Jung Architectures (architectes associés)
• Khephren Ingénierie (structure)
• Alto Ingénierie (fluides, BIM)
• ATEC (économie)
• Elioth Egis Concept (environnement)
• Floquart Dior Paysage (paysage)
• Atelier Rouch (acoustique)
• Gaujard Technologies Scop (structure bois)

ATELIER O-S ARCHITECTURES (mandataire)
• Julien Beller (architecte associé)
• Atelier Altern (paysage)
• GEC Ingénierie (TCE, économie, environnement)
• R-USE (réemploi)
• Conseil Vincent Hedon (acoustique)
• Monokrom Architectes (BIM)
• Studio Isabelle Daëron (designer)

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*Assistant à Maîtrise d’Ouvrage

 

 

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