BRS participatif Lepage

Vue intérieure

16 février 2023
Projet Saint-Vincent-de-Paul / Bâtiment Lepage
Le projet du bâtiment Lepage © Dreier-Frenzel / Belval & Parquet, architectes


Les premiers logements parisiens vendus en BRS (Bail Réel Solidaire) verront le jour fin 2025 par la construction de l’immeuble Lepage, à Saint-Vincent-de-Paul. Portée par la Foncière de la Ville de Paris en lien avec Paris Habitat en qualité de maître d’ouvrage, cette innovation se double d’une originalité : un projet d’habitat participatif. Un acquéreur témoigne de cette double expérience.

Comment avez-vous découvert le BRS ? En voyant une annonce de presse avec ma compagne, on s’est dit : « ce n’est pas pour nous, il va y avoir énormément de demandes : 23 logements à moitié prix… pour tout Paris ! » Nous remplissions pourtant pas mal de critères : couple avec enfants, locataire du parc social parisien, tous deux actifs… Nous avons donc tenté notre chance, sans trop y croire. C’est devenu sérieux, et stressant, lorsque la Ville a retenu cinq candidatures par appartement et qu’il a fallu rédiger une lettre de motivation. Quand on nous a annoncé que nous étions retenus… nous n’en revenions pas !

Pourquoi avez-vous postulé ? Avant de répondre, le projet était de quitter Paris. Nous adorions tout ce que la ville nous offrait, mais faute de pouvoir y vivre, autant aller ailleurs, et pas en banlieue. Le BRS nous a fait rester ! De surcroît, nous allons habiter Saint-Vincent-de-Paul, qui est comme un village, avec une école, des commerces… Nous connaissons même déjà quelques futurs voisins grâce au processus de projet participatif lancé pour notre immeuble. Avec l’appui des architectes Dreier Frenzel et Belval & Parquet et l’assistance à maitrise d’ouvrage Courtoisie Urbaine, nous dialoguons depuis plus d’un an avec les autres futurs propriétaires. Tous ne seront pas nos amis, mais certains le sont déjà. Autour d’un idéal de partage.

Comment se concrétise cet idéal ? Dans le cadre de la démarche de co-conception, je fais partie du groupe « espace communs ». Avec mes coéquipiers, nous avons proposé de créer un atelier collectif de bricolage en réduisant la surface du stationnement vélo. Ailleurs dans l’immeuble, nous disposerons d’une grande salle commune. Le quartier aussi devrait en profiter, ponctuellement. L’espace s’y prête. Il est ouvert sur la cour anglaise et donc directement accessible depuis la rue. Tous ces lieux seront partagés entre copropriétaires BRS et locataires des 10 logements sociaux de Paris Habitat que comprendra l’immeuble et qui seront nos voisins de palier.

Projet Saint-Vincent-de-Paul / Séance de la démarche de projet participatif du bâtiment Lepage
Séance publique du processus de projet participatif du bâtiment Lepage, au Pavillon de l'Arsenal, à Paris, le 24 novembre 2022.


Qu’allez-vous faire dans les espaces partagés ?
Au septième étage, nous créons une chambre d’amis. Les autres lieux collectifs, intérieurs et extérieurs, s’ouvrent tous aux rencontres et aux échanges. Chacun peut y mettre ses compétences au service des autres. En tant qu’enseignant, je proposerai du soutien scolaire gratuit. D’autres donneront des cours de musique ou de cuisine. Car l’immeuble disposera d’une cuisine collective, en plus d’un potager commun. Certains bricoleront ensemble dans l’atelier commun… La programmation des espaces sera stabilisée à l’été. Actuellement, les futurs propriétaires sont davantage accaparés par les démarches de recherche de prêts auprès des banques, plutôt délicates.

Comment les banques ont-elles accueilli le BRS ? Elles doivent encore se l’approprier pour dépasser une certaine méfiance. Car, dans le cadre du BRS, un appartement présente deux propriétaires : le ménage qui acquiert les murs et la Foncière de la Ville de Paris qui détient le sol, ce qui complexifie les montages juridique et contractuel. Heureusement, très consciente de cette dimension expérimentale, la Foncière de la Ville de Paris accompagne tous les futurs propriétaires dans la recherche de crédits, à travers la mobilisation de banques partenaires. Une aide précieuse.

Quel regard portez-vous sur le BRS à ce stade de votre expérience ?Très positif, puisque le BRS nous permet d’être propriétaire d’un logement à Paris ! Je tiens à rappeler, dans le même temps, qu’on doit s’y engager en connaissance de cause, en gardant bien à l’esprit les obligations qui s’y attachent. D’abord, il faut payer, en plus du remboursement du prêt immobilier, une redevance mensuelle de 2,5 euros par mètre carré de surface habitable. Elle correspond au coût de la location du terrain sur lequel s’élèvent les logements BRS et qui appartient à la Foncière de la Ville de Paris. Le logement acquis en BRS doit demeurer ensuite notre résidence principale. Enfin, nous ne pourrons le revendre qu’à des acquéreurs respectant des critères de plafonds de ressources, dans le cadre d’un processus encadré par la Foncière de la Ville de Paris et à un prix de vente lui aussi encadré par des normes anti-spéculatives. Un des objectifs du BRS, que je partage, consiste à favoriser le maintien des classes moyennes à Paris.

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