Participation

10 ateliers pour parler d’architecture

17 mars 2020

Depuis novembre 2019, l’agence de concertation Palabreo anime, pour le compte de P&Ma, un dialogue citoyen autour des projets architecturaux en concurrence pour les différents bâtiments du quartier. Entretien avec Claire Chaussade, consultante chez Palabreo

Quel est l’objectif du processus participatif mené à Saint-Vincent-de-Paul ?
Au-delà de l’implication initiale du public autour des questions urbaines — le dessin du quartier et sa programmation — P&Ma a souhaité lui donner de nouveau la parole au sujet de l’architecture des bâtiments. Elle nous a confié l’organisation d’un processus d’analyse et de débat débouchant sur la rédaction d’un avis citoyen. Lors de cette analyse participative des projets d’architecture, le public accède, sans médiation, à la quasi-totalité des documents de réponse à la consultation tels que les concepteurs les ont produits. Cette démarche, encore peu fréquente, avait déjà été menée aux côtés de P&Ma, dans le cadre de l'opération Clichy-Batignolles. À Saint-Vincent-de-Paul, la nouveauté tient au systématisme de l'exercice. Le dialogue citoyen a concerné chacun des îlots du futur quartier, neufs ou réhabilités : les immeubles résidentiels, l’équipement public mutualisé Pinard et à la « Façade Denfert », un ensemble urbain complexe qui associe un équipement culturel métropolitain, des logements et une centrale de mobilité.

Comment s’est organisée la démarche ?
Bien que chacun des îlots du quartier fasse l’objet d’un processus d’analyse propre, la méthode de travail adoptée est commune. Un premier atelier « de cadrage » présente la programmation de l’îlot et les modalités du dialogue citoyen. Une grille d’analyse est aussi co-conçue avec les participants.

L’atelier « d’analyse » a lieu quelques jours plus tard. Il a pour préoccupations essentielles de dégager une synthèse qui intègre la diversité des points de vue. L’objectif est de produire un avis sur chacun des projets en lice, et non de classer les projets dans une logique comparative. Nous constituons donc, pour chaque îlot, un groupe de travail par projet concurrent. Il est lui-même divisé en sous-groupes thématiques : programmation, performance environnementale, architecture, logement et espaces communs…

Au milieu de la séance d’analyse, l’ensemble des participants à l’atelier se retrouve pour découvrir brièvement les projets en lice avant de se séparer une nouvelle fois pour formuler les dernières observations et rédiger la note conclusive, base des avis citoyens.

Quelle est la valeur de l’avis citoyen ?
Les avis citoyens sont consultatifs. Ils sont transmis à tous les membres des commissions de sélection en amont de la séance de vote. Ils sont également lus en séance, quand la forme de la consultation le permet, par deux porte-parole citoyens. Je peux témoigner que ces derniers ont été accueillis chaleureusement lors de chaque commission de sélection et qu’ils ont pu échanger avec les membres de la commission. Les porte-parole citoyens ont pu assister à l’intégralité du processus de sélection, jusqu’au choix du lauréat, garantissant la transparence des travaux.

Dans quel esprit le public s'est-il prêté à l'exercice ?
Les participants se sont pleinement investis dans la démarche. Ils étaient 50 à 60, présents aux ateliers d’analyse, pour quatre à six heures de travail intensif ! Au fil du temps, le processus ne s’est pas essoufflé. La mobilisation tient, pour partie, à la nouveauté de ce type de dialogue. Mais, il y avait aussi un intérêt manifeste pour le futur quartier. Nombre de participants en ont suivi le développement depuis l’origine et le connaissent sous ses différents aspects. Il y a aussi un fort attachement au lieu, une préoccupation quant à son devenir et une envie d’y contribuer.

Quels types de sujets ont dominé les échanges ?
Ils étaient extrêmement variés. Le public s’est montré soucieux de la mixité du quartier, de l’esthétique architecturale, de l’intégration urbaine des bâtiments, des mobilités et des performances environnementales. Il était attaché, par exemple, à l’ouverture des cœurs d’îlots en prolongement de l’espace public ; un principe inscrit dans le projet urbain global du quartier. D’autres sujets, moins familiers, comme les socles actifs, ont suscité des contributions plus limitées.

Le dialogue citoyen se prolonge-t-il à l’avenir ?
Le 27 janvier, un atelier public de restitution, en mairie du 14e arrondissement, a dressé le bilan de la participation pour les bâtiments Lelong, Chaufferie et Petit. Pour la première fois les participants ont pu rencontrer les équipes lauréates et dialoguer avec elles autour des projets exposés. Un rendez-vous analogue sera programmé pour la « Façade Denfert » et l’équipement mutualisé Pinard. Ces deux temps forts concluront le processus participatif autour de l’architecture, mais le dialogue citoyen se poursuivra sur d’autres sujets et sous d’autres formes. Les bailleurs sociaux RIVP et Paris Habitat ont engagé la coproduction des projets Petit et Chaufferie avec des panels de futurs locataires. Les espaces publics et les socles actifs devraient, eux aussi, faire l’objet de démarches participatives.

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